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#PSYCHOLOGIE#STOÏCIENNE

Mettre sur pause ses pensées envahissantes


Conclusion : Assentiment, suspension du jugement et paix psychologique


· A l’instar de l’insensé, il semblerait que même le sage stoïcien (Aulu-Gelle, Nuits attiques, XIX, 1, 15-20) puisse, dans certaines circonstances particulières, voire commencer à poindre en lui certains jugements. A cette toute première seconde de réaction à un évènement « difficile », pas de différence entre sage et insensé. Mais c’est à partir de la seconde suivante du décours de la pensée que tout se joue.

· L’insensé, caractérisé par la précipitation, valide immédiatement ses jugements, il les tient pour vrais, il leur donne son assentiment (συγκαταθεσις, sunkatathésis). Et ainsi, il plonge en eux en se mettant de facto dans un état de souffrance psychologique, s’étant conforté dans l’illusion qu’il est en train d’être exposé à un « mal » dont il ne peut que pâtir psychologiquement.

· Le sage, quant à lui, est caractérisé par la prudence (επιμελια, epimelia). Il pratique la suspension du jugement (εποχη, épochê), sorte de pause et de mise en quarantaine live de sa propre pensée, le temps de lui administrer un examen critique de nature à en repérer les jugements. Epictète (Entretiens, III, 12, 15) nous donne à comprendre les termes de ce mouvement métacognitif ; s’adressant de façon réflexive à sa propre pensée, il lui indique : « ‘’attends, que je vois qui tu es […] montre-moi tes papiers ; as-tu reçu de la nature le signe que doit posséder une représentation pour se faire admettre ? ». Les papiers et la marque distinctive étant le fait que la représentation se borne à de seules descriptions factuelles ainsi que nous avons pu le décrire techniquement. Ayant repéré ses amorces de jugement, le sage leur refuse alors son assentiment, mettant en œuvre ainsi la sagesse de vivre le fait que la souffrance est toujours, pour partie, une construction de notre psychisme. Souffrance psychologique que notre liberté de réaction face aux évènements (προαιρεσις, prohaïrésis) peut décider de comprendre comme n’étant pas un processus irrépressible. Ainsi le sage demeure-t-il dans la constance (ευσταθεια, eustaphéia) et l’ataraxique absence de trouble (αταραξια, ataraxia).



Michael Pichat

Docteur & maître de conférences des universités,

Fondateur du Cabinet Chrysippe (chrysippe.org)

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