Vivre et non pas théoriser la philosophie
L’enseignement d’Épictète est découpé en trois domaines (τοπος, topos) :
· La physique (φυσις, phusis, nature) et la logique (λογος, logos, raison) dont la finalité est de comprendre et d’acter la Raison universelle qui gouverne la Nature, afin de ne faire qu’un et de se mettre en paix avec elle.
· L’éthique (ηθος, éthos, manière d’être), qui constitue la finalité de l’apprentissage philosophique : l’application expérientielle quotidienne, face aux aléas de la vie, des principes stoïciens ainsi que nous le rappelle Pierre Hadot (2004), à l’instar de Socrate, figure ultime du Sage pour Épictète.
Les leçons d’Épictète commençaient par la lecture et le commentaire, par un disciple, d’un texte de référence, régulièrement du fondateur stoïcien Chrysippe ; puis le maître en donnait une explication corrigée. Loin de la conception actuelle de l’enseignement académique de la philosophie, les cours d’Épictète étaient enflammés et fortement confrontant, afin d’inviter son auditoire, par-delà la simple compréhension intellectuelle, à l’application pratique et effective des préceptes stoïciens. Le philosophe aimait à répéter à ses « padawans » qu’il ne servait à rien de citer pompeusement les complexes textes de Chrysippe, « pour faire bien », sans être capable d’en mettre réellement enfin en place les contenus au sein de sa vie jour après jour. Épictète aimait à se moquer de tous ces philosophes hypocrites « sauf pour agir, juste pour parler » (ἄνευ τοῦ πρἀττειν, μέχρι τοῦ λἐγειν, aneu tou pratein, méchri tou légein), ces « fake » « grammairiens » de la philosophie (Manuel, XLIX).
Michael PICHAT
Docteur & maître de conférences des universités,
fondateur du Cabinet Chrysippe (chrysippe.org)
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